L'INFO DES TERRITOIRES

Contournement Est de Rouen : une décision d'État d'ici 2025.... ou l'enterrement d'un projet structurant ?

En déplacement au Havre, le ministre des Transports Philippe Tabarot a annoncé qu’une décision définitive serait prise avant la fin de l’année 2025 concernant le contournement Est de Rouen. Ce projet d’autoroute à péage de 41 kilomètres, pensé pour relier l’A28 à l’A13 et désengorger Rouen, traîne dans les cartons depuis plus de 50 ans.

Soutenu par la Région Normandie et le Département de la Seine-Maritime, mais désavoué par la Ville et la Métropole de Rouen, qui ont retiré leur participation financière, ce dossier est à la croisée des chemins. Le ministre a été clair : sans consensus politique, il ne se fera pas.

Et pourtant, ce projet a reçu tous les feux verts :

•    Déclaré d’utilité publique en 2017
•    Reconnu d’intérêt général par le Conseil d’État en 2020
•    Validé par le gouvernement Castex en 2021

Mais aujourd’hui, l’État semble prêt à revenir sur ses engagements, invoquant l’évolution des contextes locaux, des contraintes budgétaires, et d’hypothétiques alternatives... 

Il n’y aura évidemment pas de consensus. Ce que nous redoutions semble se profiler : l’abandon pur et simple d’un projet pourtant reconnu d’intérêt général, sans qu’aucune alternative crédible ne soit proposé.

Ce projet n’est pas qu’un tracé sur une carte. Il est la colonne vertébrale d’une stratégie d’aménagement du territoire, fondée sur :
•    La fluidité des échanges
•    La sécurité des mobilités
•    La compétitivité logistique et portuaire.
•    Le désenclavement de la vallée de Seine.

C’est aussi un signal fort envoyé aux territoires : dans la France des infrastructures, seuls les territoires unis obtiennent des moyens. Ce qui ne sera pas réalisé ici le sera donc ailleurs. Là où l’on parle d’une seule voix.

Comment ne pas faire le parallèle avec la LNPN, autre dossier imminemment stratégique pour la Normandie, lui aussi bloqué par le manque de consensus, notamment avec Île-de-France ?

Là encore, les réunions s’enchaînent, les décisions s’éloignent, les échéances glissent… et les territoires attendent.

Ce qu’on enterre ici, ce n’est pas seulement un projet d’autoroute. C’est l’ambition logistique d’un territoire, c’est la promesse d’un rééquilibrage, c’est la confiance dans l’action publique.

C’est enfin et surtout, une fracture territoriale historique assumée.